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Pourquoi a-t-on coutume de prendre le deuil entre Pessah et Shavouot ?

Pourquoi a-t-on coutume de prendre le deuil entre Pessah et Shavouot ?

Par le Rabbin David Golinkin -

Question : On a coutume de ne pas se marier, de ne pas se raser, de ne pas se faire couper les cheveux entre Pessah et Lag Baomer (33ème jour du compte du Omer) ou entre Pessah et Shavouot. Pourquoi est-on en deuil durant cette période ?

  Sommaire  

Y a-t-il un sens à conserver cette coutume de deuil à l’époque actuelle ?

 Responsum   :

1° La théorie de Rabbi Akiva

Cette question a été posée en premier au Rav Natronai Gaon   (719 – 859 environ) ou au Rav Hai Gaon   (environ 1038)(note 2) : « Pourquoi on ne se fiance, ni ne se marie entre Pessah et Shavouot… est-ce en raison d’un interdit existant ou non ?

Il faut savoir que cela ne provient pas d’un interdit, mais d’une coutume de deuil, car comme l’ont dit les Sages   : « Rabbi Akiva avait 12000 paires de disciples qui moururent tous entre Pessah et Shavouot (Atseret) car ils ne se traitaient pas les uns les autres avec respect » et les sages   enseignent en outre : « et ils périrent tous de la mort cruelle de la diphtérie » (Yevamot 62b).

Depuis lors, les Rishonim   (sages   du Moyen Age) eurent pour coutume de ne pas célébrer de mariages ces jours-là. "Celui qui fonce et se marie, nous ne le punissons ni le ne fouettons (la punition corporelle était parfois appliquée), mais celui qui nous demande notre accord avant l’action, nous lui interdisons de se marier. Idem pour les fiançailles, nous ne punissons pas celui qui souhaite se fiancer entre Pessah et Shavouot, car la cérémonie principale sera le mariage sous la Huppah » (dais nuptial). (Otzar Hageonim à Yevamot P 141 §327)

Comme l’a fait remarquer le Rabbin   David Feldman (Feldman 1962, note 3) l’opinion du Gaon   a été citée et/ou acceptée par nombre d’hommes de loi juive du Moyen Age, y compris Rabbi Ytzhak ibn Ghayat (11ème siècle, Espagne), rabbi Avraham Hayarhi (13ème siècle Tolède) Rabbi Zidkiyahu ben Avraham Harofe (13ème siècle Italie), rabbi Joshua Ibn Shuib, Rabbi Shimon ben Zemah Duran et Rabbeinu Yeruham (14ème siècle).

Dans sa responsum   le Gaon   fait référence à un fameux passage qui se trouve dans Yevamot 62b ;

« Il est dit que Rabbi Akiva avait 12 000 paires de disciples, de Gabbat à Antipatris, et qu’ils moururent tous au même moment parce qu’ils ne se traitaient pas avec un respect mutuel. Le monde en fut désolé jusqu’à ce que Rabbi Akiva vienne voir nos maîtres dans le Sud pour leur enseigner la Torah. Ces maîtres étaient Rabbi Meir, Rabbi Judah, Rabbi Yossi, Rabbi Shimon, et Rabbi Elazar ben Shamua ; hommes qui faisaient renaître la Torah à cette époque. Un Tana   enseigne : Ils moururent tous entre Pessah et Shavouot, Rabbi Hamma ben Abba ou peut-être Rabbi Hiyya ben Abin commenta : « tous moururent d’une mort cruelle. Laquelle ? Rabbi Nahman répondit : La diphtérie. »

Un certain nombre de commentateurs prirent ce passage pour une allusion voilée à la Révolte de Bar Kokhba (132-135 c.e) puisque Rabbi Akiva était un fervent supporter de Bar Kokhba qui le considérait comme le Messie (Yerushalmi Ta’anit 4 :8, fol 68d). Ils maintinrent que 24000 soldats Juifs furent tués par les Romains entre Pessah et Shavouot, sauf le jour de Lag Baomer qui fut une victoire militaire. Telle était l’opinion de Rabbi Nahaman Krochmal, Joseph Derenbourg, Rabbi Ytzhak Nissembaum, et les professeurs Shmuel Safrai, Aaron Oppenheimer et Haim Licht. (note 3)

La théorie de Rabbi Akiva n’en est pas moins problématique pour un bon nombre de raisons :

a) 12 et 12000 sont des chiffres emblématiques, dans la littérature rabbinique (note 4)

b) Dans d’autres passages, il y a d’autres chiffres emblématiques (note 5)

c) La plupart des autres passages ne mentionnent pas la date à laquelle s’est passée la tragédie. (note 6)

d) Le style est comme dans une légende « parce qu’ils ne se traitaient pas avec un respect mutuel »

e) Le Talmud   lui-même n’évoque aucune coutume de deuil pour commémorer cette tragédie.

En effet, le Dr Aaron Amit de l’Université de Bar Ilan et du Schechter   Institute a démontré récemment que cette histoire n’a aucune base historique. Elle fut tissée à partir de différentes légendes permettant d’illustrer l’opinion de Rabbi Akiva dans « Avot D’rabbi Nattan (ed Schechter   pages 15-16) selon laquelle de même qu’un rabbin   doit enseigner à des disciples dans son jeune age, de même il doit continuer en son age avancé. Ce sont les Amoraim babyloniens qui ajoutèrent les thèmes « de Pessah à Atseret » et de « la Diphtérie ».

II) La Théorie Lemuralia

En 1869 le Dr Julius Landsberger proposa comme explication que la période Juive de deuil entre Pesah et Lag Ba’Omer était en fait un emprunt aux Romains.

D’après Ovide (43 av JC-18 après JC) les Romains avaient coutume de ne pas se marier pendant les 31 jours du mois de Mai, période appelée Lemuralia. Il s’agit-là de rites funéraires en l’honneur des âmes des disparus qui reviennent errer sur Terre, au risque de troubler la paix des vivants. Les rites Lemuralia avaient lieu à cette période et aucune jeune fille Romaine n’aurait voulu prendre de risque pour son bonheur en se mariant en Mai. Par la suite, cette superstition passa de Rome en France, Ecosse et Allemagne et fut à l’origine du refrain populaire : « Mariage pendant Carême toute ta vie te repentiras, Mariage en Mai tu regretteras ce jour fatidique » Voilà pourquoi tellement de gens se marient en Juin ! Ultérieurement, cette théorie reçut le soutien deThéodore Gaster (p 52-53).

III) La Théorie Gehinom

Le rabbin   Zidkiyah ben Avraham Harofe (Italie 13ème siècle) fait référence, au nom de son frère Binyamin, au Seder Olam Rabbah Chapitre 3 (ed Ratner, p 16, cf. Mishnah Eduyot 2 :10 et autres textes) Dans lequel Rabbi Akiva dit que les méchants sont condamnés à 12 mois en Gehinom (en enfer), mais Rabbi Yohanan ben Nuri prétend qu’ils sont condamnés à rester en enfer de Pessah à Shavouot. C’est pourquoi entre Pessah et Shavouot pleurons-nous ceux qui souffrent en Gehinom (enfer) (Shiboley Haleket, éd Buber, §235 p218)

IV) La Théorie des craintes pour les Récoltes.

D’après le Rabbin   David Abudraham (Espagne 14ème siècle), nous comptons l’Omer de Pessah à Shavouot car le monde souffre (tsa’ar) de Pessah à Shavouot pour les graines et les arbres. (Abudraham Hashalem, Jerusalem 1959 p241). Cette explication fut reprise par le Rabbin   Ya’akov Reischer (Allemagne 1670-1733) dans son Hok Ya’akov sur Orah Hayim 493 ; « Car ce sont les jours de Jugement pour le grain. »

Ces Rabbins   avaient subi l’influence de nombreuses sources rabbiniques qui affirmaient que les récoltes sont jugées entre Pessah et Shavouot :

1. « A Pessah, le grain est jugé et à Shavouot, le fruit des arbres. » (Mishnah Rosh   hachana 1 :2)

2. « Comment l’Omer est-il agité ? On l’agite de gauche à droite pour stopper les vents mauvais, on l’agite de haut en bas pour stopper la mauvaise rosée. (Sukkah 37b- Menahot 62a- Vayikra Rabbah 28 : 5 éd Margaliyot p 658-659) (note 7)

Théodore Gaster résume (p52) cette explication ainsi : « les jours ou semaines précédent la récolte et le début de l’année agricole, période à laquelle la vie sociale de la communauté est pour ainsi dire « éclipsée ».

V) Réinterprétation de la Coutume.

Cette incertitude quant aux raisons du deuil pendant la période du Omer eut pour conséquence que beaucoup de Juifs ont abandonné cette coutume de deuil. Et il est effectivement très difficile pour les rabbins   de justifier cette pratique auprès de leurs fidèles, sur la base des motifs cités plus haut. C’est pourquoi la Commission sur la loi Juive et les Standards de l’Assemblée Rabbinique du Mouvement Massorti   a, au fil des ans, relâché beaucoup d’interdits concernant la période du Omer.(note 8) Cependant si on examine l’histoire Juive médiévale, on est forcé de conclure qu’il ne faut pas abolir les lois sur le deuil en période du Omer, il faut les réinterpréter. C’est ce qui fut fait en 1096 après la première Croisade, comme l’explique Salo Baron : « Comme la plupart des massacres ont eu lieu au printemps pendant les mois d’Iyyar et de Sivan, de lourds nuages planaient sur la période traditionnelle de Sefirat Ha Omer… tout cet intervalle de sept semaines… fut à nouveau instauré comme période spéciale de deuil national. » (note9)

Telle est l’explication donnée par le Sefer Minhag Tov écrit en Italie au 13ème siècle : le deuil est pris « en hommage aux hommes pieux et justes qui se sacrifièrent pour la sanctification du Nom Divin. » (éd Weiss dans Hazofeh 13 (1929) p 231, N°61). Une explication analogue est donnée dans le Sefer Assufot écrit au 13ème siècle par un disciple de Rabbi Elazar de Worms : « Si les gens ne doivent pas se marier entre Pessah et Atrseret c’est en souvenir de la douleur des décrets [divins], car les communautés furent massacrées dans tout le royaume. » (Feldman 1962, note 46). Cette explication fut reprise par Rabbi David Halevi (Pologne 1586-1667) dans le Taz   à Orah Hayim 493 (sous paragraphe 2) et par Rabbi Yehiel Mikhal Epstein (Russie 1829-1908) dans son Arukh Hashulhan (Ora Hayim 493).

De même, après le massacre de Chmielnicki, qui eu lieu au printemps de 1648, la période du Omer fut revécue comme période de deuil en souvenir des martyrs de cette époque. Comme l’a écrit rabbi Yaakov Emden (Allemagne, mort en 1776) dans son Siddur Bet Yaakov (éd Lemberg, 1904 p 268) : « Les disciples de Rabbi Akiva moururent, et en raison de nos nombreux péchers, nombre de communautés furent détruites à cette période de l’année au cours des Croisades en Ashkénaz et en 1648 en Pologne. »

Nous pouvons ainsi voir que les restrictions de la période du Omer furent continuellement réintroduites et diversement interprétées. Les Geonim   entérinèrent un groupe de coutumes déjà existantes et les justifièrent comme signe de deuil en raison de l’histoire des disciples de Rabbi Akiva ; Les autorités halahiques Médiévales continuèrent une période de deuil pré existante, et la réintroduisirent pour commémorer les massacres des Croisades. Rabbi Yaakov Emden en fit de même concernant les massacres de Chmielnicki. Nous pourrions et devrions donc continuer cette coutume. Nous devons conserver cette période traditionnelle de deuil, qui coïncide aussi avec la révolte du ghetto de Varsovie en Nissan  -Sivan 5703 - et la choisir comme période de deuil pour les 6 millions de victimes du Nazisme. Les restrictions halahiques ont existé pendant plus de mille ans, il nous suffit de les reprendre et de les réinterpréter à la lumière de la tragédie qui nous a frappés.

En décrétant la période du Omer, période de deuil en souvenir des martyrs de la Shoah, nous atteindrions deux objectifs :

1) Nous suivrions les pas des Hommes de la Grande Assemblée shehehziru attarah leyoshnah (Yoma 69b), « qui réinstaurèrent d’ancienne coutumes tombées en désuétude. »

2) Nous commémorerions la Shoa d’une façon qui soit à la hauteur de l’amplitude de la tragédie. Yom Hashoah ne serait plus seulement l’évènement d’un jour, mais s’intégrerait dans la période du Omer dédiée aux Six millions de victimes.(note 10)

David Golinkin

(Possek Massorti   important, enseignant au séminaire rabbinique Massorti   à Jérusalem le Schechter   Institute)

Le 22ème jour de l’Omer 5767

 NOTES

1. Cette responsum   est une version complète de Golinkin 1984 et Golinkin 1991 (voir la Bibliographie ci-dessous) . Dans cette Teshuva, nous avons cité les principales sources originelles et ajouté les récents travaux sur le sujet.

2. Halakhot Pesukot Min Hageonim éd muller, Cracovie 1893 p 54 attribue cette teshuvah au Rabbin   Natronai Gaon  , mais il y eut deux Gaonim de ce nom. Yerahmiel Brody, Teshuvot Rav Natronai Bar Hilai Gaon  , Jerusalem 1994, p 48, note 90 attribue cette responsum   sous réserve, à Rav Hai Gaon  .

3. le Rabbin   Nahman Krochmal est cité par Feldman, EJ col 1388. Les autres sources sont citées dans la bibliographie ci-dessous.

4. Voir Binyamin Kosovsky, Otzar Leshon Hatalmud. Vol 30 Jerusalem, 5733 p 1208-1211 ; l’Index de Boaz Cohen   à l’ouvrage de Louis Ginzberg. Légends of the Jews, Vol 7, Philadelphie 1938 p 483 ; et Rachi   dans Shabbat 119a et Hullin 95b.

5. Yevamot 62b : 12 000 paires ; Kohelet Rabbah 11 : 6, éd vilna, fol 29b ; 12 000 ; Bereshit Rabbah 61 :3, éd théodore Albeck, p 660 : 12 000 ; Tanhuma Haye Sarah 6 et Tanhuma Buber, ibid p 122 : 300 ; Arugot Habosem, éd Urbach, vol 1, Jerusalem 1939 p 75 : 80 000 ; et cf Silberman p 222.

6. Voir Bereshit Rabbah ; Tanhuma et Tanhuma Buber ; Arugot Habosem

7. quant à cette théorie, voir Akiva Ben Ezra in extenso et cf : Shabbat 129b et Megillah 31b cité par Rabbi Feldman 1962 note 8.

8. Voir le résumé dans Rabbi Isaac Klein : Guide de la Pratique de la Religion Juive , New York 1979 p 143-144.

9. Salo Baron : histoire Sociale et Religieuse des Juifs, seconde édition vol IV, philadelphie 1957 p 145 et p 310, note 67.

10. J’ai volontairement omis deux thèmes importants dans cette responsum  . Sur les différentes périodes de deuil pendant Sefirah (de Pessah à Lag Baomer ou de Roch   Hodesh Iyar à Shavouot etc..) voir Rabbi Adler et Rabbi Sperber. Sur les raisons précises de se réjouir à Lag Baomer, voir Ben Ezra, Feldman, Gaster, Goren, Kafih, Lieberman et Morgenstein.

Messages

Pourquoi a-t-on coutume de prendre le deuil entre Pessah et Shavouot ?

Article fort intéressant, merci de l’avoir posté.

Chez les Massorti   est-il d’usage d’observer ces coutumes jusqu’à Shavouot ou jusqu’à Lag Baomer ?

Pourquoi a-t-on coutume de prendre le deuil entre Pessah et Shavouot ?

Coutumes de deuil durant l’Omer

Il existe plusieurs coutumes de deuil et de restrictions durant toute la période qui va de Pessah à Shavouot.

Le principe général est l’interdit de se raser, d’organiser une grande fête (avec danse et musique), de se marier.

Le 33ème jour fait exception, ce jour là, les interdits tombent.

Cependant, il y a de fortes différences selon les lieux ou les cercles fréquentés. Schématiquement :
les sefardim pratiquent les restrictions de Pessah à Lag Baomer (33ème jour) ;
la plupart des ashkénazim de Pessah à Shavouot (sauf à Lag Baomer, Rosh   Hodesh Iyar et Sivan, Yom Hatsmaout) ;
d’autres encore commencent la période de restriction du 1er du mois de Iyar, jusqu’à Shavouot (sauf à Lag Baomer) ; d’autres encore font la même chose mais arrêtent 3 jours avant Shavouot…

Ils existent donc des variantes importantes, tout est question de minhag, de coutume.

Les centaines de milliers de juifs qui fréquentent le mouvement Massorti   ne sont pas différents des autres. Il y a aussi bien des ashkénazim que des sefardim. Ce qu’ils ont en commun, c’est l’exigence d’un judaïsme plus intelligent et ouvert sur la modernité. Chacun doit donc respecter sa propre coutume ou à la rigueur celle de la communauté qu’il fréquente.

Chacun est également libre de choisir de respecter ce genre de coutumes ou non, entièrement ou partiellement.

Yeshaya Dalsace Webmaster

Pourquoi a-t-on coutume de prendre le deuil entre Pessah et Shavouot ?

Rabbin   Delsace, vous écrivez...

"Ce qu’ils (les massorti  ) ont en commun, c’est l’exigence d’un judaïsme plus intelligent et ouvert sur la modernité."

Est-ce que pour vous le judaïsme orthodoxe   n’est pas intelligent ?

Ouvert sur la modernité jusqu’au point d’accepter l’union des homosexuelles, par exemple ? Et de modifier la Halakhah selon la façon du jour, par majorité simple ?

Pourquoi a-t-on coutume de prendre le deuil entre Pessah et Shavouot ?

Des gens intelligents, il y en a partout, la question n’est pas là. La question est de savoir ce que cherche quelqu’un qui vient vers le mouvement Massorti  . Il me semble qu’un certain critère intellectuel joue assez fortement.

La modernité reste à définir, mais c’est également repenser différentes attitudes vis-à-vis de groupes sociaux déterminés… Je ne vois vraiment pas de problème à cela. La plupart des rabbins   massorti   (moi le premier) sont fermement opposés à une cérémonie d’union (il ne s’agit de toute façon jamais de mariage ce qui n’aurait aucun sens dans la halakha   car kedoushin impossibles).

Ne pas caricaturer donc, ni d’un côté, ni de l’autre.

Je me suis donc pas assez clairement exprimé ci-dessus. Désolé.

Yeshaya Dalsace

Pourquoi a-t-on coutume de prendre le deuil entre Pessah et Shavouot ?

Merci pour la réponse !

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